dimanche 10 juillet 2011

SUR L’ILLÉGALISATION DE BILDU


Début: 08:34
Date: 03/05/2011

            Le «Tribunal Supremo» a fait publique dimanche soir la négation de participer de Bildu dans les prochaines élections municipales. La décision vient d’arriver après l’illégalisation de Sortu. Bildu a été, comme Sortu, accusé de «faire partie de la stratégie terroriste E.T.A.-Batasuna» et «d’être la continuation de Batasuna», qui est actuellement dans la liste d’organisations terroristes de l’Union Européenne.
            Le P.P. et le P.S.O.E. (excepte le P.S.C.) ont montré leur respect pour la décision des tribunaux et plusieurs de ses candidats étaient visiblement contents. Le fait que Bildu (coalition qui regroupe Alternatiba, E.A. et la gauche abertzale) soit illégalisé confirme les théories du gouvernement et du principal parti de l’opposition. La «Loi des Partis», approuvée en juin 2002 et qui est à la base de ces théories, interdit les partis qui ne s’éloignent pas de façon claire de la «violence» et du «terrorisme».
            Cependant, cette décision pose plusieurs questions sur le fonctionnement du système démocratique espagnol. Le fait qu’une coalition (composée par des partis comme E.A. –qui a une longue tradition démocratique-) qui est, dans ses statuts, contre tout type de violence –et, spécialement, celle de E.T.A.-, soit illégalisé est, quand même, un peu rare dans les démocraties européennes.
            A cet égard, plusieurs partis politiques ont critiqué la décision du «Tribunal Supremo», comme I.U., P.N.V., Aralar et C.I.U., parmi d’autres. Selon eux, l’illégalisation «n’est pas du tout démocratique», «répond aux intérêts électoraux» et «gène visiblement le processus de paix au Pays Basque». La coalition vise à se rendre au Constitutionnel et aux instances européennes, et déclare qu’elle va demander «l’abrogation des élections» si elle n’y participe pas en fin.
            À mon avis, l’illégalisation est inacceptable dans un état soi-disant démocratique. Le pire c’est que la décision n’a surpris personne, et qu’il me semble qu’une grande partie de la population est submergée dans la résignation. Mais je dirais que le fait le plus délirant est que dans les milieux intellectuels et artistiques espagnols personne ne s’est révolté. Face à un attentat contre les droits de l’homme comme cette illégalisation, qu’est-ce qu’on dirait en France, ou en Grande-Bretagne? Je me souviens d’avoir regardé il n’y a pas très longtemps le documentaire «C’est dur d’être aimé par des cons», sur le procès ouvert contre Charlie hebdo, accusé d’avoir diffusé des caricatures de Mahomet et d’avoir infligé la sensibilité des musulmans. Un débat énorme sur la liberté d’expression s’est étendu sur tout l’Hexagone, et une grande partie de la population –en incluant Mr. Holland, Mr. Sarkozy, Mdm. Royal et Mr. Bayru- s’est mobilisé à faveur de l’hebdomadaire satirique. Des philosophes, des écrivains et des intellectuels ont aussi témoigné à faveur de l’hebdomadaire, en argumentant que si Charlie Hebdo était fermé on craindrait désormais de s’exprimer librement.
            Malheureusement, «Spain is different». Quand Euskaldunon Egunkaria ou Egin ont été fermés et ses directeurs torturés, personne n’a haussé la voix. Selon Acebes, «le fait qu’ils aient avoué des tortures prouve qu’ils sont de l’E.T.A.». C’est inadmissible. Toutes ces restrictions, illégalisations et le manque de liberté d’expression heurtent les libertés fondamentales. Quand est-ce que les espagnols vont réagir?
Fin: 9:51

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