jeudi 14 juillet 2011

CE QUE J´AI VU ET ÉPROUVÉ DANS LA MANIFESTATION JEUDI DERNIER


Début: 12:13
Date: 07/05/2011
            Je dois l´admettre: je ne suis pas un habitué des manifestations. Je déteste applaudir quand tout le monde applaudit et je ne me sens pas du tout confortable quand j´ai a coté un individu qui ne fait que crier. Cela me rappelle les dames âgées qui hurlaient –au lieu de chanter- à l´église, à l´époque où je croyais en Dieu comme je croyais à Olentzero. Est-ce qu´elles chantaient si fort pour que Dieux les entende? Voulaient-elles montrer à tout le reste leur foi admirable? Ou c´était, peut-être, une geste solidaire envers le prêtre, pour que la messe fut encore plus spectaculaire?
            Aucune idée. Bref: j´y suis allé, mais toujours en me souvenant d´un de mes faibles principes: ne faites pas quelque chose aidé par la protection et l´anonymat d´une foule que vous ne feriez point seul.
            Il y avait en jeu, et je ne me sens pas du tout snob en le disant, le futur et les bases d´une société démocratique et l´avenir du cessez-le-feu et le processus de paix ouvert naguère, ni plus ni moins. L´occasion le méritait, et j´ai laissé de côté mes craintes «manifestophobiques» pour accompagner mes colocataires et amis de l´université en ce qui fut une jolie et nombreuse promenade dans les rues de Bilbo. Je me disais: si je ne me manifeste cette fois, sur quel sujet pourrais-je alléguer désormais? Sur la mauvaise programmation télévisée? Sur le match du Real Sociedad et Barcelone?
            On est partis de la «Plaza del Sagrado Corazón» et, pas à pas, on est arrivés jusqu´à «El Arenal», où on a vu des concerts et des spectacles pendant qu´on mangeait des sandwichs et attendait la nouvelle qui devait arriver avant minuit de Madrid.
            Entre-temps, on a traversé l´hôtel Carlton –où l´Eusko Jaurlaritza s´est réfugié pendant la guerre civile- et on a longé la Banque Santander et le centre comercial El Corte Inglés aux cris de «Independentzia»! J´ai pensé que derrière le cri uniforme d´«In-de-pen-den-tzia!» chacun imaginait une chose différente. Je me demande toujours s´il y aura des Banque Santander ou des El Corte Inglés dans le Pays Basque indépendant, ou une police; et s´il y en a une, si elle va torturer les prisonniers ou pas. Et les feuilletons américaines, et les «Belén Esteban» existeront-ils encore à la télé dans le Pays Basque indépendant?
            On a aussi voulu donner un touche ludique à la manifestation et on a proposé divers slogans pour crier. Mon favori est «In-de-zen-tzia, ta alkoholismoa!» (Indécence et alcoolisme) au lieu de «In-de-pen-dentzia ta sozialismoa!» (Indépendance et socialisme).
            À la fin de la soirée, portable à la main, la foule a commencée à chuchoter et à répandre la filtration: Bildu est légal! Pour autant, les organisateurs de la manifestation ont réclamé de la patience, jusqu´à la confirmation et la signature des magistrats.
            La nouvelle est arrivée à 00:30 à peu près, et les représentants de la coalition ont fait un bref speech pour conclure le meeting et commencer la fête. Oui, il peut paraître contradictoire: la gauche abertzale acceptait et fêtait sa légalisation dans le cadre de la Constitution espagnole. C´est, en fin de compte, une bonne nouvelle pour tous, une bonne nouvelle pour la pauvre démocratie espagnole.
Fin: 13:40

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