dimanche 16 janvier 2011

INKOMUNIKAZIOA

Guri Miarritzen edo Baionaren emaitzak bezainbeste inporta zaie Iparraldekoei Athletic, Erreala edota Osasunaren emaitzak.

jeudi 13 janvier 2011

PRESSURE DROP!

Cause a pressure drop, oh pressure
Oh yeah pressure drop a drop on you!!!

Harrigarria da kanten bertsioen ibilbidea: originaletik azken bertsiora beharrean, alderantziz deskubritzen ditugu usu. Oraingoan, lehenengo Joxe Ripiaurena (Fermin Muguruzaren kolaborazioarekin) entzun nuen, ondoren The Specials-ena, gero The Clash-ena eta, azkenean, originala, Toots and the Maytals-ena!

Nik, behintzat, azken hau nahiago!

Joxe Ripiau eta F. Muguruza:


The Specials-ena (bide batez, ohar zaitezte bideo honen komentarioetan Ummp1-ek dioena: “This is the song that will be played at my funeral”!!!!!):




The Clash-ena:



Eta, azkenik, originala!, The Toots and the Maytals-ena:

mardi 11 janvier 2011

UN MUR, DEUX MONDES: Joseba Sarrionandia, Mikel Albisu et trois films français

Nombreux sont les chefs d´œuvre français qui analysent et montrent les entrailles de la prison. Dumas et Zola -entre autres- dans la littérature et, plus récemment, les réalisateurs Jean Renoir -La grande Illusion-, Jacques Becker -Le trou- et Jacques Audiard -Un prophète- dans le cinéma, ont largement réfléchi sur la nature des prisons et ont également fait un effort pour dévoiler la vie entre les murs. Je voudrais commenter et comparer ces derniers films avec le travail de deux écrivains et prisonniers politiques basques (Joseba Sarrionandia et Mikel Albisu, dit Mikel Antza -le dernier continue sous les verrous-) qui ont montré une grande sensibilité artistique.
            «La grande illusion» et, spécialement, «Le trou», racontent différentes tentatives d´évasion. Le premier, situé durant la Première Guerre Mondiale, raconte la fuite vers la Suisse à travers la campagne allemande de deux prisonniers de guerre français, après plusieurs tentatives ratées. D´autre part, « Le trou », basé sur des fait historiques, décrit minutieusement le processus d´excavation d´un tunnel pour fuir la prison parisienne de La Santé. En outre, ces deux films montrent les conflits et les relations d´amitié dans des situations d´extrême tension entre gens de diverses origines et classes sociales.


             Précisément, c´est autour d´une fuite romanesque que les destins de Joseba Sarrionandia et Mikel Antza se sont croisés. Comme bien l´a popularisé la chanson de Kortatu «Sarri, sarri», la fuite a eu lieu le 7 juillet 1985. Mikel Antza était le cerveau de l´opération: il a organisé un concert d´Imanol dans la prison de Martutene et, à la fin du récital, deux prisonniers de l´E.T.A.-m- (Joseba Sarrionandia et Iñaki Pikabea) s´en sont échappés cachés au-dedans des baffles sans qu´Imanol et les fonctionnaires de l´Administration pénitentiaire ne sussent rien.



Sarri, Sarri
Ez dakit zer pasatzen den
Azken aldi honetan
Jendea hasi dela dantzatzen sarritan
Zerbait ikustekoa du
Bi falta direlakoz
« Recuento generalean »

Sarri, Sarri
Je ne sais pas que se passe-t-il
Ces derniers temps
Que le peuple a commencé à danser souvent
Cela a quelque chose à voir
Avec les deux absences
Dans le «Décompte général»

Les premiers vers de Sarri, sarri, de Kortatu, d´après la mélodie de Chatty, chatty, de Toots and the Maytals. Cette chanson ne manque jamais dans les fêtes populaires

Dorénavant, chacun a continué son chemin. Sarrionandia, qui, à ce qu´il paraît, n´a plus désormais un rôle actif dans l´organisation, s´est dévoué principalement à la littérature: depuis 1985 il a publié ses œuvres avec régularité, malgré les difficultés de la clandestinité et de la fuite constante. Il n´habite nulle part, mais il est toujours présent, et il est considéré comme l´un des meilleurs poètes basques de l´actualité. «Sa vie a été dure à vivre», selon Atxaga, «mais bonne pour la raconter». Sarrionandia a apparemment suivi les indications d´Atxaga, car sa littérature, des traces autobiographiques, traite de la prison, de l´exil, de la pérégrination constante du fugitif recherché par la justice. Ses poèmes reflètent souvent un homme à la dérive: sans patrie, sans frontières, trop petit, souvent méprisé; un peu comme le Pays Basque.



Preso egon denaren gogoa
Preso egon denaren gogoa
Kartzelara itzultzen da beti.
Kalean juje, fiskal eta
Abokatuekin gurutzatzen da,
Eta poliziek, identifikatu ez arren,
Beste inori baino gehiago
Begiratzen diote, bere pausua
Sosegatua ez delako
Edo sosegatuegia delako.
Bere bihotz barruan
betirako kondenatu bat dago

L´esprit de l´ex-prisonnier
L´esprit de l´ex-prisonnier
Revient toujours à la prison.
Dans la rue, il croise
des juges, des fiscales, des avocats,
Et les policiers, bien qu´ils ne l'identifient pas,
Le regardent plus qu´à personne
Parce que son pas
N´est pas assez paisible
Ou parce que c´est trop paisible.
Dans son cœur
loge pour toujours un condamné.

L´esprit de l´ex-prisonnier, du recueille de poèmes « Gartzelako poemak » (Poèmes de la prison), Joseba Sarrionandia, 1992. Ce poème est cité avec assiduité pour décrire l´esprit de l´évadé


Par ailleurs, Antza, jeune espoir de la littérature basque à l´époque de la fuite (il avait déjà publié «Suzko gezi bat bezala» -1983-, «Lehen bilduma 82-84» -1985- et «Odolaren usaina» -1987-) apparemment s´est complètement impliqué dans l´organisation. Il est entré dans la clandestinité et, selon les sources policières, il a été le chef de l´appareil politique de l´E.T.A. depuis le début des années 90 jusqu´à son arrestation en 2004.
Euskaldunok eta zientzia
Arkimedesek asmatu zuen aspaldi
gorputz solido bat likido batean
murgiltzerakoan, kanporatzen den bolumena,
gorputzaren verdina dela.

Baina euskaldunok badakigu
tronpatu egin zela grekoa
biriketan beti, bada zerbait
eta horregatik pott egiten dugu etsaminetan

Newtonek aspaldian asmatu zuen
grabitatearen poderioz sagarrak
kupela ezezik, lurra duela helburu
lurra duela helburu, kupela ezezik

Baina euskaldunok badakigu
sagarra duela lurrak helburu
kasernetako eskaileretan
grabitate gabeko gorpuak garenetan.

Les basques et la science
Archimède a découvert il y a longtemps que
tout corps solide plongé dans un liquide
déplace un volume d´eau
égal au volume du corps submergé

Mais les basques on sait
que le Grec s´est trompé
ça reste toujours un peu dans les poumons
et c´est pour cela qu´on rate les examens

Newton a découvert il y a longtemps
que la pomme, par la loi de la gravité,
en plus de la barrique, a pour but le sol,
a pour but le sol, en plus de la barrique

Mais les basques on sait
que c´est le sol qui a pour but la pomme
quand on devient des corps sans gravité
sur les escaliers des casernes.

Premiers vers de la chanson Euskaldunok eta zientzia, écrit par Mikel Antza et interpreté par Negu Gorriak dans le disque Borreroak baditu milaka aurpegi -1993-

Dans le ton des deux derniers poèmes on pourrait discerner les nuances entre l´attitude légèrement distante d´un homme «libre» (Dans son cœur / loge pour toujours un condamné) de Sarrionandia, poète exilé, et l´humour noir du récit cru des tortures aux commissariats d´Antza, militante en activité.
            Néanmoins, la situation a changé. Depuis l´arrestation, Antza a re-embrassé la littérature et cette année un nouveau roman, «Ospitalekoak», écrit depuis la prison de Fresnes, est paru. À mon avis, c´est un récit effrayant, d´une très haute qualité littéraire. Néanmoins, comme bien suggère Beñat Sarasola dans sa critique du journal Berria, le roman peut perdre son éclat littéraire à cause des remarques politiques excessivement marqués; c´est pourtant un petit détail que ne gâche pas le niveau général de l´œuvre.
 
     
«Ospitalekoak» narre l´histoire -raconté en forme de longue lettre- d´un prisonnier politique basque qui écrit depuis sa cellule à sa petite amie. Récemment reclus dans la prison de Fresnes à cause de son militantisme dans l´E.T.A. -le récit a de clairs connotations autobiographiques-, Mikel, l´héros du roman, après successifs événements, a un «accident» et finit en fauteuil roulant.
Une autre œuvre qui aussi pénètre plus avant dans la vie de la prison est le film français «Un prophète», récompensé avec le César au meilleur film 2010 et le Grand Prix du Jury au 62ème Festival de Cannes. Il s’agit de l’expérience carcérale de Malik El Djebena, un jeune délinquant condamné à six ans de prison. C’est, en fin de compte, une histoire de survie et d’adaptation: le film décrit assez bien les luttes de pouvoir au-dedans de la prison, la tension entre les différents communautés et groupes, la corruption des fonctionnaires de l’Administration pénitentiaire, la violence, l’exclusion, la drogue…

Toutes ces œuvres posent encore le débat de la fonction de la prison et des conditions de vie des emprisonnés. «On n’existe pas pour le monde extérieur;» dit Mikel Antza, «pour le citoyen moyen qui a l’habitude de prendre chaque jour le café dans La Coupole, dans le Boulevard ou dans les Zazpi Kale on est invisibles comme des créatures qui habitent au fond de l’océan». 


Toutefois, il ne faut pas se fier aux apparences: selon plusieurs philosophes, un des plus importants piliers de notre société est la prison. La citation qu´ouvre le roman «Ospitalekoak» n´est pas gratuite : «Quoi d’étonnant si la prison ressemble aux usines, aux écoles, aux casernes, aux hôpitaux, qui tous ressemblent aux prisons?» (Michel Foucault, «Surveiller et punir» -1975-).


L´humain, l´unique espèce du règne animal doté de conscience et de moralité, est en même temps l´unique à incarcérer les membres de sa propre espèce. Néanmoins, cette «technique» extrême (priver à l´homme de sa propre liberté) n´est pas toujours la solution: la prison, souvent, au lieu d´être une place pour réhabiliter le prisonnier, est une place pour le contaminer. Cela se voit clairement dans le film «Un prophète»: l´héros n´est, au début, qu´un simple délinquant commun, tandis qu´à la fin il sort -grâce à son adresse exceptionnelle- comme le parrain d´un grand groupe de malfaiteurs. Cependant, Malik El Djebena n´est que l´exception qui confirme la règle. La majorité s´effondre en apprenant les extrêmes conditions de la prison.

En ce qui concerne les prisonniers politiques basques, deux d´entre eux se sont suicidés dans les prisons françaises (Jean Groix -à Fresnes- et Oihane Errazkin -à Fleury-) dans les derniers vingt ans. C´est, quand même, une donnée préoccupante. La France, comme l´Espagne, applique la politique de dispersion et 151 prisonniers basques sont dispersés dans 34 prisons différentes sur tout l´hexagone. Une grande part peut passer des lustres en modules d´isolation. Apparemment, en ignorant tout droit international, les prisons ne sont que la prolongation du champ de bataille de la guerre entre les États espagnol et français et l´E.T.A.. En tant qu'États européens qui devraient suivre les lois, cette attitude est intolérable.
La prison, cet écosystème où cohabitent souvent les minorités que le pouvoir considère dangereux (prisonniers politiques, immigrants, toxicomanes, violeurs, braqueurs…-la liste continue, elle est très longue-), est une institution très difficile à gérer et très facile à oublier. Qui devrait entrer? Qui devrait sortir? Est-elle un moyen ou un but? C´est un centre de réhabilitation ou une institution nécessaire pour que ceux qui sont aujourd´hui au pouvoir continuent aussi assis sur le trône demain?