jeudi 18 novembre 2010

L’ALLÉGORIE DE LA CAVERNE: LA TÉLÉVISION


Personne ne croyait guère que cette petite boîte allait changer la vie de toute la population mondiale. Au début des années 50, la télévision a commencé une invasion silencieuse et subtile; elle est entrée, petit à petit, dans chaque maison, dans chaque bâtiment, dans chaque école, en profitant de nos faiblesses humaines: l’ennui et l’épuisement.
Récemment, concernant une nouvelle proposition de loi visant à protéger les enfants des scènes de pornographie et de violence à la télévision, on se demande si l’application de cette prohibition pourrait être considérée comme une censure.
On pourrait dire que ce n’est pas une question de censurer ou de permettre; c’est un question de responsabilité et de cohérence: il ne s’agit pas d’interdire les émissions pour les adultes, mais de les réguler. Si on régule l’entrée au cinéma, aux sex-shops ou aux bars, on devrait aussi, dans la mesure du possible, réguler les horaires des émissions pornographiques et violentes à la télévision. Et, qui plus est: on constate que le besoin d’un type de contrôle, tel qu’il soit, est urgent si on tient compte de la liberté d’accès des plus jeunes au petit écran.
Bien évidemment, la passivité des parents à l’heure de contrôler ce que leurs enfants regardent n’aide pas beaucoup. C’est clair qu’on apprend chez soi le plaisir obscène de la consommation irresponsable des tonnes et des tonnes de télé-poubelle. Les enfants font, généralement, ce qu’ils voient (combien de fois s’allonge-t-on sur le sofa après une dure journée de travail pour lire Stendhal en écoutant de la musique classique?) et comme dit si bien le proverbe espagnol: «tout s'attrape sauf la beauté».
L’enjeu éducatif exige un total dévouement et beaucoup de patience, ce qu’apparemment, n’ont pas les parents espagnols: 70 % d’entre eux, selon le CIS (Centre d’Investigations Sociologiques), ne contrôlent pas ce que leurs progénitures regardent. Selon cette enquête, les enfants passent la même quantité d’heures devant la télé qu’en classe, bien que tout le monde sache que la télé est loin d’être un modèle ou une référence éducative.
En considérant la grande innocence et la sensibilité des enfants d’entre 4 et 12 ans et le manque absolu de contrôle, une programmation de qualité et une régulation responsable sont nécessaires. Des assassinats, de la violence gratuite, des bains de sang, des enlèvements violents ou Arnold Schwarzenegger avec un énorme pistolet-mitrailleur un dimanche après-midi à 16 heures n’est pas tolérable.  
La question qu’on devrait se poser, avant de discuter l’approbation de cette proposition de loi, concernerait le modèle de télévision qu’on veut. Quelqu’un se demande-t-il quelle est, d’abord, la fonction de la télévision? 

Est-elle une nourrice bon marché? Est-elle une prestidigitatrice qui fait l’impossible: hypnotiser ces petits diables bruyants et agitateurs? Est-elle, comme bien critique Saramago dans le roman « La caverne » en utilisant le mythe de Platon, la machine qui nous menotte au sein de la caverne sans nous laisser découvrir la lumière? Ou est-elle un outil qui, en plus de divertir, devrait aussi éduquer et cultiver la personne?

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